Chers amis,
De quoi sourire un peu, pour vous-mêmes et ceux que vous pourrez toucher et qui seraient intéressés par le sujet.
Amistats a touts,
J.L.
Feue l’illusion de la « langue occitane »
Les amateurs de théâtre de boulevard connaissent cette pièce de Feydeau écrite il y a juste cent ans, « Feue la mère de Madame ». Eh bien ! quelque obscur « rond-de-cuir » cher à son contemporain Courteline vient de nous jouer au Journal officiel le dernier acte de la comédie « occitane », « Feue l’illusion de la langue occitane ».
En effet, le très sérieux Journal officiel – Questions parlementaires du 5 aout a publié la réponse de Mme la Ministre de la culture à une question de M. Michel Vauzelle, Député et Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui l’interro¬geait notamment sur la volonté du Gouvernement de reconnaitre le provençal parmi les langues régionales.
En fait, cette question posée avant le 13 mai, date de sa publication au Journal officiel, allait être vite dépassée par les évènements parlementaires, qui ont abouti à l’inscription des langues régionales dans le titre XII de la Constitution relatif aux collectivités territoriales. Dès lors, dans la logique du droit constitutionnel, ce sera très probablement la région que préside M. Vauzelle qui aura le pouvoir de décision sur la langue provençale qui s’y parle depuis plus de mille ans. Et de même dans les autres régions, voire les départements, comme celui des Pyrénées-Atlantiques pour le basque.
Comme l’a fort bien dit devant l’Assemblée nationale Mme Albanel, Ministre de la culture, la loi de l’État aura pour rôle de « permettre plutôt que contraindre, inciter et développer plutôt qu’imposer ».
Mais revenons à la réponse faite à M. Vauzelle. Comme d’ordinaire, un fonctionnaire a été chargé de la préparer; et curieusement, il semble avoir ignoré cette évolution constitutionnelle et même le fait que les politiques sont définies par le Parlement et le Gouvernement et non par les services de l’État ou autres, qui sont là pour s’y conformer. Et tandis que M. Vauzelle attendait qu’on lui expose « la volonté du Gouvernement », notre fonctionnaire a fait son petit coup d’état : « Pour ce qui concerne le domaine linguistique gallo-roman, les services de l’État n’entendent pas remettre en cause la nomenclature traditionnelle, en usage dans l’administration depuis la loi Deixonne de 1951 : l’occitan est une langue avec différentes variétés dialectales, dont le provençal. »
Puis, à la faveur peut-être des déplacements ou congés de responsables qui auraient pu mettre le holà, cette étrange réponse a fini par être publiée au Journal officiel.
Du fait de cette publication, elle est censée exprimer la volonté du ministre. Mais ici, c’est d’autant moins vrai que le rédacteur a bien dit que c’était celle des « services de l’État », tandis que devant l’Assemblée nationale, Mme Albanel avait mentionné par trois fois les « langueS d’oc » au pluriel et apparemment limité le terme d’« occitan » à la langue de sa ville de Toulouse, donc au languedocien.
Voilà donc un fonctionnaire qui semble tellement acquis aux idées occitanistes qu’il en contredit sa ministre; mais il n’a pas su contrôler son élan, car il poursuit par cette phrase qui va ruiner ce qui précède : « Chaque variété est l’expression pleine et entière de la langue, qui n’existe qu’à travers ses composantes. » Car en bonne logique, cela s’analyse en deux propositions : l’occitan n’existe pas, seules existent ses composantes.
C’est très exactement ce que soutiennent les partisans de la pluralité des langueS d’oc, la prétention à l’unité, y compris chez Mistral, n’étant que le moyen de s’acheminer vers le nivellement général au profit du provençal rhodanien pour Mistral, ou du languedocien normalisé, dit « occitan », pour Alibert and his boys.« occitan » n’est donc que l’étiquette commune, savante et récente — à peine un siècle — d’un groupe de langues, comme scandinave, germanique, ibéro-roman ou gallo-roman !
Or c’est exactement ce qu’écrivait il y a 30 ans le grand occitaniste que fut René Nelli (1906-1982) : « Personne n’écrit en occitan, mais en provençal, en languedocien, en gascon… Les circulaires ministérielles ont donc raison de parler de l’enseignement des “langues d’oc” et non pas de l’occitan. Reconnaître que chacune des langues est occitane ne change rien au fond du problème. Ce n’est pas parce que le Provençal, l’Espagnol et l’Italien sont trois langues « néo-romanes » que le Néo-roman existe. Le provençal est de l’occitan, mais l’occitan n’est pas le provençal ! » (Mais enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, 1978, p. 31).
Mais on ne fonde pas un peuple et un état sur un concept de groupement linguistique. Qu’il suffise de rappeler comment les Catalans refusent d’être assimilé aux Castillans ou même aux « Occitans » !
Bravo donc, M. le Fonctionnaire inconnu, vous avez publié au Journal officiel l’acte de décès du mythe mistralien puis occitaniste de la langue unique du Midi, et avec elle du prétendu « peuple occitan » qui aurait fondé une « Occitanie » libre et indépendante. Comme vous en auriez peut-être été le Ministre de la culture ou de l’éducation, nous saluons votre abnégation.
Mme Albanel devrait vous proposer pour la Légion d’honneur.
22 septembre 2008
samedi 4 octobre 2008
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