dimanche 21 décembre 2008

LOUS LIMACS DE BARRAN

Amics,

Ta-v soegna lous entécs (=rhumes), qu'avét aci un remèdi navèth… e autentiquemén gascoûn.
Gràcies au noustë amic Bigourdân Roger Roucolle.

Pourtat-ve plân.

J.L.



"LOUS LIMACS DE BARRAN"




diffusés aves ses vœux de Joyeux Noël et Bonne Année
par l’ami Roger Roucolle roger.roucolleatorange.fr








Quand plaou à BARRAN aprés uo périglairo
Coumo un régiment qué partis à la guerro
Dé la plano mountan, dous pètès débaran
Lous LIMACS per troupets arribon à Barran !

Quan plau a BARRAN après ue periglère
Coum ûn regimén que partis a la guèrre
De la plana mountan, dous petès devaran
Lous LIMACS per troupèths arriben a Barran !

Tout n’y coufit e toutis qu’y cournéjon
Chéou Pharmacien VIDAL las hènnos lous carréjon
Aquesté à la béts PASTILLOS qu’en fabriquo
Et d’abe aquo digun, un RHUMÉ nou crai briquo.

Tout n’y coufit e toùtis qu’y cournéjen
Xéou Farmacién VIDAL las hénnes lous carréjen
Aquéste alavéts PASTILHES qu’en fabrique
Et dab aco digûn, ûn RUMË nou cragn brique.


Quand il pleut à BARRAN après un orage
Comme un régiment qui part à la guerre
De la plaine montant, des coteaux descendants,
Les escargots par troupeaux arrivent à BARRAN !

Tout n’y confit ?? et tous y dressent les cornes
Chez le pharmacien VIDAL les femmes les transportent
Celui-ci alors en fabrique des PASTILLES
Et avec ça nul ne craint le rhume.



Barran est à 12 km à l’Ouest d’Auch.

Langue : petè est la métathèse de tepè, forme première et plus répandue.
crai prononcé [kray] est une altération phonétique de cragn, il craint.
Je n’ai pas compris « tout n’y coufit »
chéou est un semi-gallicisme, avec la préposition française “chez” et -ou, forme allégée du pronom “lou” accolé à une préposition.
pharmacien ou même farmacién sont des gallicismes. La forme d’oc serait farmaciân; Palay mentionne encore apouticayrë comme vivant dans les années 1930-1960.
d’abe aquo ne peut se comprendre « d’avoir cela » car à Barran, avoir se dit aué [awé] et non abé.

Graphie : J’ai transcrit en graphie de l’Escole Gastou Febus, en notant toutefois le son [ch] par x, à l’ancienne (cf. Aux-Aussat ou Azereix) et le v étymologique, quoique prononcé [b]. Le e en dernière syllabe se prononce [o] faible dans l’Est gascon.
L’auteur écrit grosso modo à la française, mais sans cohérence : le ai de périglairo est un [è], celui de crai se lit [ay] comme dans Nay, Tournay.

Jean Lafitte 19 décembre 2008

dimanche 14 décembre 2008

Dire l'automne en langue gasconne et béarnaise

Adixat moundë,

La question de la façon de dire automne ayant été abordée sur un forum internet, j'y ai communiqué ce que j'ai relevé pour le gascon dans la carte 839 de l'ALG III. Je vous en fais profiter.

C'est le mot français en de nombreux points du domaine et notamment la majeure partie du Béarn. Mais c'est et agor en Barétous, et abor /en Aspe, l'abor en Ossau et ed abòr Haute-Bigorre, d'un mot basque agor qui signifie sec. Par mécoupure, c'est aussi la gorre dans le Sud de la Gironde et quelques points de l'Ouest, et dans un bon tiers Ouest des Landes. Mais on y dit aussi la basse à l'Est et lou bas téms au Sud, ainsi qu'à Bayonne et en un seul point du Béarn, à Arthez-de-Béarn. La Basse-Bigorre, le Gers et le Comminges disent autoune. Curieusement, à Gerde à la limite entre haute et basse Bigorre, on a relevé autoune et era tardou. Mais il n'y a eu qu'un seul informateur, un certain Déjeanne épicier né en 1900, et peut-être a-t-il pris cela ailleurs. Car tardou est bien attesté non seulement en Aran, mais encore en 4 points de l'Est du Couserans et 4 autres du pays de Foix languedocien. Influence catalane sans doute, puisque tardor est donné d'emblée par les Dic. catalans. Mais totalement ignoré par Mistral.


Noter au passage que la graphie occitane écrit agòr comme còr (le cœur), alors que le -r s'entend dans le premier et est muet dans le second. Lectorak, demerdatzeko comme on dit en basque d'opérette. Plus logique, le grand linguiste catalan Joan Coromines, qui était d'une autre stature qu'Alibert et ses disciples, écrit agòrr, qui annonce gòrra des Landes (écrit ici dans son système catalano-occitan).

Hèt beroy,

J.L.

mercredi 3 décembre 2008

r uvulaire

Bonjour à tous,

Il y a de cela un quinzaine d'années, j'étais en Béarn pour le mariage
d'un neveu avec une Béarnaise. J'avais près de moi la Maman béarnaise de
la mariée et une de ses vieilles tantes, naturellement béarnophone. Je
lui parlai donc en béarnais. Et la Maman de s'exclamer, horrifiée « Mais
il roule les "r" ! ».

Si l'on doit prononcer le gascon comme le français, avec une syntaxe
française, les accords de participes passés à la française, etc., autant
parler français, et le mieux possible, et enrichir son vocabulaire
au-delà des 200 mots des « illettrés ».

Hèt beroy,

J.L.

lundi 20 octobre 2008

Houchine

Cher Michel,

Votre départ vous a privé de la fin de l'histoire de Houchine que je rappelais surtout pour vous. Car tel était le nom d'une vache d'Ossau qui fut saisie, abattue et mangée par les Palois à l'occasion des multiples conflits qui les ont opposés aux Ossalois à cause du Pont-long et de la transhumance.

D'où ce couplet de la fameuse chanson des Ossalois "Aquéths Aussalés" :

Houxine d'Aussau
Qu'esté carnalade.
La vile de Pau
Que la s'a minjade
Més tout Aussau que baxa
Dab hoéc que la hé paga !

Et la conclusion, évoquant l'arrêt de la Cour d'appel rendu vers 1822, si mes souvenirs sont exacts :

Picamilh,
Bergès
E Mous d'Arribanes
Que n'an hèyt proucès
Remplit de xicanes !
Més la Court qu'a pronounçat
La Valée qu'a gagnat !

Amistats a touts,

J.L.

dimanche 5 octobre 2008

Occitan et Béarnais : vers la “paix des braves” ?

L’Éclair, 27-28 septembre 2008


Occitan et Béarnais : vers la “paix des braves” ?


M. Bernard Dupont, Vice-président du Conseil général et élu du canton d’Arzacq, a reçu de l’assemblée départementale la charge de présider sa Commission Éducation-Culture. À ce titre, il est le premier responsable des actions du département en faveur de ce que le Conseil général est convenu d’appeler la langue béarnaise, gasconne et occitane, dans une énumération alphabétique qui lui évite d’afficher une préférence. Car il ne s’agit que d’une seule langue dont le nom de « gascon » est attesté depuis au moins 1313 dans un acte notarié concernant, heureuse coïncidence, le moulin de La Bastide Clairence, chef-lieu du canton dont l’élu est le Président même du Conseil général, M. Castaings. Mais on sait que depuis le milieu du XVIe siècle, « béarnais » s’est imposé pour désigner le gascon officiel du Béarn, et plus généralement tous les parlers gascons de la principauté. Ainsi, le Pasteur Arnaud de Salette nomme la « lengoa Bernesa » dans sa traduction des Psaumes (1583).
Cependant, du fait de la mention de « la langue occitane » dans la loi Deixonne du 11 janvier 1951, aujourd’hui abrogée, l’Éducation nationale a répandu l’appellation d’« occitan » dont le gascon ne serait qu’une variété. Peu importe que cette appellation ait été obtenue par un lobbying efficace et un vote sans débat des deux assemblées — pauvre démocratie ! — et qu’il y ait derrière elle toute l’idéologie qui voudrait créer une « Occitanie » séparée de la France : bien des enseignants et élus républicains l’adoptent les yeux fermés, tandis que d’autres citoyens, attachés à l’unité de la République et à leur langue historique, crient « holà ! ».
À cela s’ajoute l’adoption par la plupart des enseignants du système « occitan » d’écriture qu’un pharmacien languedocien a défini pour sa langue en 1935 et adapté tant bien que mal au gascon en 1952; mais les locuteurs béarnais et gascons, habitués à un système autochtone, n’ont pu se faire au nouveau. Aussi est-on loin de l’unanimité chez les tenants du gascon.
Or M. Dupont est un homme d’action qui a déjà fait ses preuves sur le terrain. Avec bon sens, il a invité à un repas convivial des adultes « élèves », qui des cours d’« occitan », qui des cours de « béarnais », et tout ce monde s’est parfaitement compris car ils parlaient bien la même langue… et ne l’écrivaient pas.
La difficulté tient au fait que si les soldats des deux camps fraternisent entre les tranchées, les états-majors campent sur leurs positions. Car au delà des idées pures qu’un débat ouvert et intelligent permettrait de rapprocher, il y a dans chaque camp des irréductibles qui ne veulent surtout pas écouter l’autre de peur de devoir reconnaître qu’il n’a pas tout à fait tort. C’est souvent le fait d’“anciens” incapables de revenir sur les idées qui ont séduit leur jeunesse ou leur âge mûr; et de “jeunes” qui ont adopté des idées séduisantes et n’ont pas encore pris le recul nécessaire pour s’informer et juger par eux-mêmes. Alors, d’un camp à l’autre, on se traite aimablement de « vieux c… » ou de « jeunes c… », tandis que le bateau coule.
Je veux croire néanmoins, avec M. Dupont, qu’il y a de part et d’autre des personnes sensées et des hommes d’action capables de voir les réalités en face et donc de s’entendre pour travailler ensemble.
Ainsi en est-il de ceux qui ont à enseigner la langue, notamment à des adultes : on ne peut leur raconter n’importe quoi. J’en ai fait l’expérience : entré en 1982 dans l’association occitane de Paris, j’en avais accepté le « credo », mais j’ai dû le réviser quand j’y ai été chargé du cours de gascon. Et le 25 juin dernier, ce journal publiait une intéressante déclaration du directeur du Centre de formation professionnelle en langue et culture occitanes (CFPOc) : au lieu de durer 10 mois à Béziers, la formation des « formateurs » se fera dès cette rentrée pendant 6 mois à Orthez, et seulement 4 à Béziers; c’est plus près quand on habite en Béarn « et même si le gascon y est enseigné, la première langue parlée et enseignée là-bas est le languedocien ». C’est dire sans équivoque que gascon et languedocien sont des langues différentes, et que les Béarnais se sentent plus à l’aise pour apprendre en béarnais qu’en languedocien.
Quant à la graphie, j’ai déjà une collection de coupure de presse qui affichent des graphies modernes en contexte « occitan », preuve que même les occitanistes en reconnaissent les qualités. Par exemple, quand on s’appelle « Jacou » et qu’on est incarcéré, les amis d’Anaram au patac déploient une banderole « Solidaritat dab lo Jacou » plutôt que le « Jacon » occitan (9 et 10 février 2008). Et une « garburade » (et non « garburada ») aide à financer la Calandreta d’Orthez (24 et 25 mai 2008).
De mon côté, j’ai proposé dans ma thèse des retouches à la graphie moderne de l’Escole Gastoû Febus, dont certaines viennent de la graphie « occitane ».
Il y a donc de l’espoir, continuez M. Dupont.
Jean Lafitte
Docteur en sciences du langage
(7 septembre 2008)

samedi 4 octobre 2008

Feue l’illusion de la « langue occitane »

Chers amis,
De quoi sourire un peu, pour vous-mêmes et ceux que vous pourrez toucher et qui seraient intéressés par le sujet.
Amistats a touts,
J.L.


Feue l’illusion de la « langue occitane »


Les amateurs de théâtre de boulevard connaissent cette pièce de Feydeau écrite il y a juste cent ans, « Feue la mère de Madame ». Eh bien ! quelque obscur « rond-de-cuir » cher à son contemporain Courteline vient de nous jouer au Journal officiel le dernier acte de la comédie « occitane », « Feue l’illusion de la langue occitane ».

En effet, le très sérieux Journal officiel – Questions parlementaires du 5 aout a publié la réponse de Mme la Ministre de la culture à une question de M. Michel Vauzelle, Député et Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui l’interro¬geait notamment sur la volonté du Gouvernement de reconnaitre le provençal parmi les langues régionales.

En fait, cette question posée avant le 13 mai, date de sa publication au Journal officiel, allait être vite dépassée par les évènements parlementaires, qui ont abouti à l’inscription des langues régionales dans le titre XII de la Constitution relatif aux collectivités territoriales. Dès lors, dans la logique du droit constitutionnel, ce sera très probablement la région que préside M. Vauzelle qui aura le pouvoir de décision sur la langue provençale qui s’y parle depuis plus de mille ans. Et de même dans les autres régions, voire les départements, comme celui des Pyrénées-Atlantiques pour le basque.

Comme l’a fort bien dit devant l’Assemblée nationale Mme Albanel, Ministre de la culture, la loi de l’État aura pour rôle de « permettre plutôt que contraindre, inciter et développer plutôt qu’imposer ».

Mais revenons à la réponse faite à M. Vauzelle. Comme d’ordinaire, un fonctionnaire a été chargé de la préparer; et curieusement, il semble avoir ignoré cette évolution constitutionnelle et même le fait que les politiques sont définies par le Parlement et le Gouvernement et non par les services de l’État ou autres, qui sont là pour s’y conformer. Et tandis que M. Vauzelle attendait qu’on lui expose « la volonté du Gouvernement », notre fonctionnaire a fait son petit coup d’état : « Pour ce qui concerne le domaine linguistique gallo-roman, les services de l’État n’entendent pas remettre en cause la nomenclature traditionnelle, en usage dans l’administration depuis la loi Deixonne de 1951 : l’occitan est une langue avec différentes variétés dialectales, dont le provençal. »

Puis, à la faveur peut-être des déplacements ou congés de responsables qui auraient pu mettre le holà, cette étrange réponse a fini par être publiée au Journal officiel.

Du fait de cette publication, elle est censée exprimer la volonté du ministre. Mais ici, c’est d’autant moins vrai que le rédacteur a bien dit que c’était celle des « services de l’État », tandis que devant l’Assemblée nationale, Mme Albanel avait mentionné par trois fois les « langueS d’oc » au pluriel et apparemment limité le terme d’« occitan » à la langue de sa ville de Toulouse, donc au languedocien.

Voilà donc un fonctionnaire qui semble tellement acquis aux idées occitanistes qu’il en contredit sa ministre; mais il n’a pas su contrôler son élan, car il poursuit par cette phrase qui va ruiner ce qui précède : « Chaque variété est l’expression pleine et entière de la langue, qui n’existe qu’à travers ses composantes. » Car en bonne logique, cela s’analyse en deux propositions : l’occitan n’existe pas, seules existent ses composantes.

C’est très exactement ce que soutiennent les partisans de la pluralité des langueS d’oc, la prétention à l’unité, y compris chez Mistral, n’étant que le moyen de s’acheminer vers le nivellement général au profit du provençal rhodanien pour Mistral, ou du languedocien normalisé, dit « occitan », pour Alibert and his boys.« occitan » n’est donc que l’étiquette commune, savante et récente — à peine un siècle — d’un groupe de langues, comme scandinave, germanique, ibéro-roman ou gallo-roman !

Or c’est exactement ce qu’écrivait il y a 30 ans le grand occitaniste que fut René Nelli (1906-1982) : « Personne n’écrit en occitan, mais en provençal, en languedocien, en gascon… Les circulaires ministérielles ont donc raison de parler de l’enseignement des “langues d’oc” et non pas de l’occitan. Reconnaître que chacune des langues est occitane ne change rien au fond du problème. Ce n’est pas parce que le Provençal, l’Espagnol et l’Italien sont trois langues « néo-romanes » que le Néo-roman existe. Le provençal est de l’occitan, mais l’occitan n’est pas le provençal ! » (Mais enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, 1978, p. 31).

Mais on ne fonde pas un peuple et un état sur un concept de groupement linguistique. Qu’il suffise de rappeler comment les Catalans refusent d’être assimilé aux Castillans ou même aux « Occitans » !

Bravo donc, M. le Fonctionnaire inconnu, vous avez publié au Journal officiel l’acte de décès du mythe mistralien puis occitaniste de la langue unique du Midi, et avec elle du prétendu « peuple occitan » qui aurait fondé une « Occitanie » libre et indépendante. Comme vous en auriez peut-être été le Ministre de la culture ou de l’éducation, nous saluons votre abnégation.

Mme Albanel devrait vous proposer pour la Légion d’honneur.

22 septembre 2008

vendredi 3 octobre 2008

1 - Logique occitaniste 2 - Volem rien foutre al pais

Chers amis,
Aujourd'hui, c'est un article : « LangueS d’oc et occitan : la logique occitaniste à l’épreuve».
Plus un "Volem rien foutre al pais" trouvé par hasard sur internet, à touts fins utiles.
Amistats a touts
J.L.


Écrit le 23 septembre 2008,
publié dans Me dison Prouvènço, n° 22, Octobre-novembre 2008, p. 12

LangueS d’oc et occitan :
la logique occitaniste à l’épreuve

M. David Grosclaude, président de l’Institut d’Etudes Occitanes (I.E.O.), est comme on le sait le fils du défunt Michel Grosclaude, professeur certifié de philoso­phie et donc de logique.


Aussi eut-il le loisir d’en donner à son tour une leçon à ces sous-doués de Provençaux qui n’ont pas compris que « la langue de Provence, c’est de l’occitan que l’on appelle aussi du provençal ».


C’était en novembre 2005, sur France Bleue Vaucluse, dans le cadre d’un reportage de Jean-Pierre Belmon sur la manifestation que l’I.E.O. avait organisée à Carcassonne le mois précédent.


Voici ses aimables propos :


« Quelqu’un qui me dit “Tiens, regarde ça c’est un moineau”, je lui dis “oui, c’est un moineau mais c’est un oiseau”; je lui dis qu’il n’est pas capable de comprendre les ensembles et les sous-ensembles mais que c’est bien dommage parce que ça s’apprend au CM2, mais c’est bien comme ça ! il y a une très belle définition qui a été trouvée, dans sa grande sagesse, par le Parlement de Catalogne à propos de l’occitan du Val d’Aran et dans le nouveau statut de Catalogne et c’est écrit comme ceci : “La langue officielle du Val d’Aran est la langue occitane, appelée ici parfois l’aranais.” Alors la langue de Provence, c’est de l’occitan que l’on appelle aussi du provençal. Mais je n’y peux rien, c’est comme ça ! Si les gens ne veulent pas entendre ça, c’est qu’ils ne veulent rien entendre et quand on est sourd l’on devient très vite muet. Et ça, c’est le problème de ces gens là. »


Son illustre père avait lui aussi abordé ce problème de logique il y a près de trente ans : « “langue occitane” ou “occitan” n’est que l’appellation commune (le concept général) qui regroupe ces variétés [locales]. Exactement comme le mot “fleur” est l’appellation de la rose, de la marguerite ou du camélia… Mais pas plus que la fleur n’existe en soi et en dehors des roses, violettes ou camélias, pas plus l’Occitan n’existe en soi et en dehors de ses variétés réelles. » (« E se disèvam : “pro !” », Per noste n° 72, 5/6-79, p. 5).


On observera cependant que la comparaison est boiteuse : aucune fleur n’est une « variété » du concept de fleur; et l’auteur donnait bizarrement le nom de « langue » à une abstraction et le refusait aux « variétés réelles ».


Voulant justifier les titres de deux dictionnaires « français-occitan (Béarn) » (1984) et « français-occitan (gascon) » (2003), M. Grosclaude devait y revenir, mais en aban­donnant le nom même de « variétés » : « l’occitan parlé en Béarn est un occitan à part entière et non pas une variante plus ou moins marginale »; et pour le second, « l’occitan parlé en Gascogne etc. »; en bonne logique, ces phrases écrites en français, langue maternelle de l’auteur, supposaient qu’il y a autant d’« occitanS à part entière » — ou de langueS d’oc — que de grandes régions linguistiques...


Alors, avec son moineau qui est un oiseau, M. David Grosclaude ne fait que changer d’image : l’oiseau est un animal réel, « oiseau » est un concept. Et quand dans un restaurant du Béarn il commande une coéxe de guit (cuisse de canard), il n’est sans doute pas disposé à ce qu’on lui serve une cuisse de moineau, qui est pourtant comme l’autre une cuisse d’oiseau !


Mais à force de jouer sur les mots et de prendre les gens pour des imbéciles, on finit par se prendre les pieds dans le tapis. Pour jouer au bonneteau et tromper les gogos, il faut des doigts de prestidigitateur, et encore, ça ne marche pas toujours !


Ainsi en est-il d’un fonctionnaire du Ministère de la culture, manifestement très proche du mouvement occitaniste, quand il a rédigé la réponse officielle à une ques­tion du Député Michel Vauzelle, Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur; celui-ci interrogeait notamment la Ministre de la culture Mme Albanel sur la volonté du Gouvernement de reconnaitre le provençal parmi les langues régionales.


Confondant de fait « la volonté du Gouvernement » et celle de ses services, il a donc écrit : « Pour ce qui concerne le domaine linguistique gallo-roman, les services de l’État n’entendent pas remettre en cause la nomenclature traditionnelle, en usage dans l’administration depuis la loi Deixonne de 1951 : l’occitan est une langue avec différentes variétés dialectales, dont le provençal. » Ce n’était rien moins que le contrepied des propos de Mme Albanel elle-même devant l’Assemblée nationale, le 7 mai, quand elle avait mentionné par trois fois les « langueS d’oc » au pluriel et apparemment limité le terme d’« occitan » à la langue de sa ville de Toulouse, donc au languedocien.


Puis, à la faveur peut-être des déplacements ou congés de responsables qui auraient pu mettre le holà, cette étrange réponse a fini par être publiée au Journal officiel du 5 aout, alors que la question était posée depuis le 13 mai.


Voilà donc un fonctionnaire qui semble tellement acquis aux idées occitanistes qu’il en contredit sa ministre; mais il poursuit par cette phrase qui va ruiner ce qui précède : « Chaque variété est l’expression pleine et entière de la langue, qui n’existe qu’à travers ses composantes. » Car en bonne logique, cela s’analyse en deux propo­sitions : l’occitan n’existe pas comme langue, seules existent ses composantes.


Au choix des mots près, c’est du pur Michel Grosclaude de 1979, mais aussi ce qu’avait écrit peu avant le grand occitaniste que fut René Nelli (1906-1982) : « Personne n’écrit en occitan, mais en provençal, en languedocien, en gascon… Les circulaires ministérielles ont donc raison de parler de l’enseignement des “langues d’oc” et non pas de l’occitan. Reconnaître que chacune des langues est occitane ne change rien au fond du problème. Ce n’est pas parce que le Provençal, l’Espagnol et l’Italien sont trois langues « néo-romanes » que le Néo-roman existe. Le provençal est de l’occitan, mais l’occitan n’est pas le provençal ! » (Mais enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, 1978, p. 31).


Les partisans de la pluralité des langueS d’oc ne pensent pas autrement non plus, car la prétention à l’unité, y compris chez Mistral, n’est que le moyen de s’acheminer vers le nivellement général au profit du provençal rhodanien pour Mistral, ou du languedocien normalisé, dit « occitan », pour Alibert and his boys.


« Si les gens ne veulent pas entendre ça, c’est qu’ils ne veulent rien entendre et quand on est sourd l’on devient très vite muet. » disait M. David Grosclaude à France Bleue Vaucluse; pour peu qu’il se l’applique à lui-même et à tous les occitanistes qu’il préside, nous pourrons bien vite trinquer ensemble auX langueS d’oc !


Jean Lafitte
Docteur en sciences du langage
Vice-président de l’Institut Béarn-Gascogne


Site trouvé par hasard; je n’avais jamais entendu parler du film ni de l’émission et n’ai pas le temps de m’y intéresser de près. Mais si quelqu’un veut étudier la chose…
J. Lafitte – 23/09/08
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1126

jeudi 2 octobre 2008

Dominique Blanc - 2 études traitant de l'occitanisme

Chers amis,

Récidivant, mon ami Guilhem Pépin me signale deux autres études de Dominique Blanc, très intéressantes par le regard qu'il porte sur l'occitanisme, dont la seconde (Andalousie etc.) reprend vers la fin deux pages de l'autre antérieure.

Je les mets également à votre disposition en format texte.

Mais aussi le commentaire de G. Pépin, que je partage tout à fait après lecture attentive de ces deux textes :

Intéressant personnage que ce Dominique Blanc qui est sans doute
un occitaniste déniaisé, voir:http://www.dominiqueblanc.com/index.php?id=18
Cela n'est sans doute qu'inconscient, mais il est tout de même
significatif qu'il mette l'occitanisme et son Occitanie juste avant la ligue du
Nord et sa Padanie !
et dans ce dernier:
"Que reste-t-il de ce demi-siècle etc. (vous y reporter, p.
5)
Cordialement à tous,

J.L.

mercredi 1 octobre 2008

Almanachs d'oc et surtout gascons

Chers amis,

Je pense que plus d'un d'entre vous sera intéressé par l'étude ci-jointe sur les almanachs.
Vous saurez (presque) tout sur son auteur en allant sur son site : http://www.dominiqueblanc.com/
Et vous pourrez le remercier à blanc@ehess.fr.

Une fois de plus, c'est mon ami historien Guilhem Pépin qui m'a signalé cette étude, que je mets à votre disposition en format texte.

Cordialement à tous,

J.L.

mardi 16 septembre 2008

Merci M. Bayrou !

Chers amis,

Ci-joint ma réaction à l'émission de ce dimanche matin « Le Jour du Seigneur ».

Cordialement à tous,

J.L.
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Jean Lafitte 4 aout 2008


Merci M. Bayrou !


J’ai suivi pieusement toute l’émission de France 2 sur la messe célébrée par le Pape à Lourdes ce dimanche 14 septembre 2008.

Pour la piété et la prière, bien.

Mais pour la langue de la pauvre Bernadette, nous n’avons eu droit qu’à « patois », au début, de la part du grand journaliste M. Philippe Harrouard. Que ce « patois » ait été la langue du pouvoir et du droit de la Bigorre médiévale, ce Monsieur n’en sait sans doute rien.

À la fin, par contre, on a interviewé M. François Bayrou venu prier en voisin.

Grâce à lui, nous avons entendu les paroles que Bernadette avait entendues de la Vierge, en gascon telles qu’on peut les lire sous la statue de la Grotte.

Mais il n’avait sans doute pas préparé ses réponses, et il a dit « La Vierge a parlé en béarnais, euh ! en occitan, euh ! en bigourdan. » Comme je l’ai écrit il y a peu, si Bernadette avait habité Pontacq au lieu de Lourdes, elle aurait entendu les mêmes paroles, et tout le monde aurait dit que c’était du béarnais.

Mais à Lourdes, c’était du bigourdan.

En tout cas, j’interprète ainsi les palinodies de M. Bayrou : le « patois » du pays, il l’appelle spontanément « béarnais », et c’est le terme qu’il emploie à l’Assemblée nationale (p. ex. le 26 janvier 2005, le 22 mai 2008). Puis s’apercevant que Lourdes n’est pas en Béarn, il sort « occitan » suivant une vieille habitude prise quand il était étudiant à Bordeaux, alors que l’occitanisme était de mode dans le milieu. Et se rendant compte que ça veut tout dire de Bayonne à Nice et de Montluçon à Salses, et il dit enfin le mot juste, « bigourdan ».

Mais le mot « gascon » ne lui est pas venu à l’idée, alors que le 18 juin, le Sénateur François Fortassin, élu de Bigorre, ne s’est pas trompé en disant qu’il avait « enseigné le gascon », et a rendu étonnamment hommage au béarnais voisin « cette langue merveilleuse du Béarn ».

On a dit aussi que Bernadette était une jeune paysanne, voire une bergère qui gardait ses moutons (non : c’était Jeanne d’Arc, selon ce que l’on rapporte). Mais en réalité, Bernadette était une fille de prolétaire, née 4 ans avant le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels; et sa condition était sans doute plus proche de celle d’un grand nombre de pélerins que de celle de tout le beau monde venu de Paris.

En tout cas, même si M. Bayrou « peut mieux faire », je lui dis sincèrement « Merci ».

« Minorité à fort pouvoir de nuisance »

Chers amis,

Je vous fais suivre un message d'un certain Eole, qui m'a par ailleurs attaqué personnellement, déclenchant un long échange sur un forum, du 11 au 15 mai dernier. Il m'a qualifié aimablement de « Pensaire barlòc », soit « Pensayrë barloc » en graphie moderne. Mais cet ignorant a cru vouloir dire « penseur sans cervelle, inintelligent », alors que selon Palay qui devait en savoir un peu plus que lui et moi traduit pensayre par « qui panse, infirmier » et signale « pensadou » comme signifiant « penseur », à ne pas confondre.

Je me garderai d'y répondre, un autre participant du forum l'ayant en quelque sorte fait pour moi, et j'ai autre chose à faire.Mais pour votre édification, je vous transmets cet échange et son adresse internet, si vous voulez vérifier.

J'annexe donc le message d'Eole qui vous intéresse tous à l'IBG,avec l'adresse du forum où je l'ai trouvé (en cherchant autre chose, bien sûr !) :

http://groups.google.com/group/soc.culture.occitan/browse_thread/thread/893c9b92c411a9e7/62bb2a0125fca01f#62bb2a0125fca01f


Amitiés à tous,

J.L.

________________________________________________________________

De : Eole ou (??)
Date : Thu, 3 Jan 2008 12:53:25 -0800 (PST)
Local : Jeu 3 jan 2008 22:53
Objet : Re: Es pas Alibert qu’inventet aquelo grafio?On 3 jan, 21:13, k1...@wanadoo.fr wrote: n 3 jan, 21:13, k1...@wanadoo.fr wrote:>

Le problème des intellectuels occitans, c’est qu’ils n’ont aucun moyen> d’imposer leurs vues, alors que l’état français, lui, a des> fonctionnaires (qu’il est bien ingrat de maltraiter, soit dit au> passage), une police, une école, une télé, une vie publique...

N’empêche que les bribes d’officialisation de l’occitan auxquelles nous commençons à assister amènent à clarifier certaines choses.Par exemple, dans mon département, le Conseil Général va poser des panneaux bilingues. Cette décision a été renvoyée à de nombreuses reprises à cause de la "guerre des graphies", une petite minorité à fort pouvoir de nuisance s’opposant à la graphie classique au nom dela "vraie graphie locale".

À partir du moment où ces panneaux seront posés, et où l’occitan y sera écrit en graphie classique, comme il l’est déjà dans le journal du CG, on pourra estimer que la graphie officielle de l’occitan, pour le CG, est la graphie classique.Bien sûr, cela ne règle pas les divergences mineures mais réelles qui existent au sein de ceux qui pratiquent cette graphie.

vendredi 5 septembre 2008

Les langues d'Oc chez les Occitanistes


Chers amis,


En triant des coupures de presse, j'ai trouvé dans l'Éclair du 25 juin une magnifique perle à enchâsser dans le platine, je vous la livre en photo jointe.



Je résume : « Le centre de formation professionnel en langue et cultures occitanes d’Orthez » va ouvrir un centre de formation de « formateurs », jusque là formés en 10 mois à Béziers ; mais c’est loin, pour 10 mois et, selon les propos mêmes du directeur du centre, M. Marc Laborde, « même si le gascon y est enseigné, la première langue parlée et enseignée là-bas est le languedocien ».Et M. Laborde n'est pas un militant sans instruction…


Donc, même occitanistes, les pauvres Béarnais se sentent exilés quand ils sont pour 10 mois (avec quand même des vacances) au cœur de l'Occitanie bénie, et déboussolés par la langue étrangère qu'on leur inflige. Car gascon et languedocien sont deux langues différentes !


La veille, nous avions eu un texte encore plus explicite dans La République du 24 juin 2008 et de la part d'un vieux routard de l'occitanisme, qui réagissait violemment contre les méchants de l'Institut béarnais et gascon, clairement accusés de fascisme.Il s'agissait de Jean-Pierre Darrigrand qui présida l'association occitaniste Per noste (apparemment, de 2001 à 2003) : « Militant pour la défense de notre langue, je me réfère à l’occitan comme ensemble des langues d’oc, au titre même que le français l’est aux langues d’oïl. Je parle le gascon du Béarn […] ».


Certes, la comparaison avec le français est boiteuse, ou suppose une conception du français et des langues d’oïl bien différentes de celle des linguistes qui se sont prononcés sur ce sujet, les Pr. Henriette Walter et Bernard Cerquiglini notamment. Mais l’affirmation du « gascon du Béarn » ne laisse aucun doute sur son rang de « langue » pour ce militant, tout en obligeant le lecteur averti à s’interroger sur la cohérence de sa pensée linguistique : quid du prétendu « occitan standard » élaboré à partir du languedocien pour évincer à terme les langues d’oc non « standard », gascon compris ?


Aucun droit à me verser pour répandre ces bonnes nouvelles urbi et orbi, fourbi et gourbi, Larbi et Mohamed.


Amistats a touts,


J.L.

Courteault et le gascon

Chers amis,

Je vous vous communique deux textes de l'historien palois Paul Courteault avec sa biographie.
Lui et son frère Henri, (1869-1937), Archiviste paléographe, sont honorés d'un nom de rue le long des Archives départementales de Pau.
C'est ce dernier qui a découvert et publié dans les Reclams de Biarn e Gascougne de 1910 l'arrêt du Parlement de Paris du 22 mai 1562 qui désigne par trois fois notre langue, une fois « langaige byernois et gascon » et deux fois « langaige gascon et biernois ».

Amistats,
J.L.


Documents à me demander
au 01.47.02.03.20, en me donnant votre adresse courriel :

De Paul Courteault, historien palois (1867-1950)
(pour en savoir plus : http://cths.fr/an/prosopo.php?id=541)

Histoire de Gascogne et de Béarn, Paris : Boivin, 1938
Extraits sur les Gascons et sur la langue gasconne

Aquitaine, gascogne, Guyenne, causerie faite en 1939 à l’Académie nationale des sciences, belles lettres & arts de Bordeaux et publiée en 1939 dans les Actes de cette Académie (6ème série, tome XI 1937-1938, pp. 295-301).)

mercredi 13 août 2008

Graphie occitane ou graphie gasconne autochtone ?

23 juin 2008


Depuis le XIIe s. où apparaissent les premières chartes gasconnes et jusque vers 1950, la langue gasconne s’est écrite de manière à représenter au mieux la prononciation du temps au moyen des seuls signes disponibles, les lettres de l’alphabet latin. Ce n’était pas toujours évident, du fait de sons nouveaux que ne connaissait pas le latin classique. Mais toutes les études faites depuis un siècle et spécialement dans les soixante dernières années concluent au primat de cette notation phonétique, avec peu de considérations pour l’étymologie, c’est-à-dire pour l’orthographe des mots latins d’où venaient les mots gascons, comme ceux des autres langues romanes.
Certes, quand après 1453 pour la Gascogne proprement dite et après 1620 pour le Béarn, l’administration s’est faite en français, privant la langue gasconne du domaine de l’écriture officielle et donc de la régulation orthographique qui en découle. Mais quoi qu’on en ait dit, si l’orthographe a changé sur certains points, ce n’était pas nécessairement pour s’aligner sur le français dominant, mais parce que la prononciation évoluait, comme dans toute langue vivante.
C’est ainsi le cas du passage de « o fermé » à ou, par exemple de tot, o et lo à tout, ou et lou : au XVIe s., nous avons le témoignage de Pèy de Garros et d’Arnaud de Salette, tous deux traducteurs des Psaumes; l’un et l’autre écrivent tout et ou, mais lo; cela signifie que tot et o prononcés par o fermé aux siècles précédents, sont déjà passés à tout et ou alors que lo est inchangé. Cette orthographe en ou est certes celle du français, mais tout simplement parce que français et langues d’oc connaissent la même évolution phonétique, qui va s’étaler sur plusieurs siècles, et qu’ayant à écrire ce que l’alphabet phonétique note [o, u, y], la combinaison ou ajoutée à o et u permet de noter les trois sons; pour un même problème, ignoré de l’espagnol et du catalan, l’allemand a une autre solution, o, u et ü.
Mais revenons à lo : cent ans après Salette, l’avocat béarnais Jean-Henri de Fondeville écrit lou, signe que l’article a basculé en ou à son tour. Mais il écrit hou (il fut) et hon (ils furent), ce dernier passant à houn beaucoup plus tard. Aujourd’hui encore, si Orthez dit que souy (je suis), l’Est du Béarn et la Bigorre disent que soy, avec un o fermé.
Autre exemple, l’aboutissement du a latin en syllabe finale non accentuée. Dans l’Ouest gascon, il est passé très tôt à un son voisin du e final dit muet en français, mais que les gens du Midi prononcent encore. Les anciens textes de cet Ouest en témoigne; en voici deux exemples :
– règlement municipal de Bayonne du 3 avril 1322 sur la taxe des vins entreposés (Livre des Établissements de Bayonne, 1892, p. 75) :
E FO establit pou maire e pous cent pars e per comunau cridat a le claustre, que todz hom o femne qui auberguera bins en son hostau de nulh homi o femne que lo seinhor o le daune de l'ostau, ne paguie v sols a le biele de morlans dou tonet e iij sols de le pipe dedans le biele de Baione ni hius borgs ni au Cap dou pont.
– extrait d’un acte de vente d’une terre à Saint-Médard, du 9 novembre 1399 (Arch. dép. Landes, II, 3, 09. — Orig. parch. 30/24 cm, édité par Georges Millardet, 1908, p. 109) :
Notum sit que Peyron de Bordos, […] ha benut, alienat, leissat, quitat, gurpit, autreiat, renunciat e desemparat, e, - per nom de beraye e pure bende e alienation no reuoquedere en bite ni en mort ab la auctoritat d-aqueste carte -, liurat a Johan de P. Casso vezin de la medisse viele aqui present, crompant, stipulant […], tote aquere binhe, tere e guarrigue que.l dit Ar. Guill. s-aue crompade de Guill. R. de Sent-Andriu etc.
Cette notation par e correspondant à la prononciation d’Orthez, capitale de la vicomté de Béarn, est de fait celle de tous les documents médiévaux du Béarn; par exemple, l’article 33 du For général (Fors anciens de Béarn, éd. P. Ourliac et M. Gilles, 1990, p. 160) :
Item, audides las arrasons deu senhor de une part, que cum las gens de la terre d'Ossau en lo temps passat sien exides d'Ossau ab armes et ost feyte et ensenhe desplegat en lo Pont-lonc et en auguns autes locx de la terre de Bearn et aqui cometut trops et divers exces, cum son mortz, plagues, arsies, per losquoals lo eren tengutz de dar thiansers tant per lo lor foo quant per la generau costume de Bearn, etc.
Du Béarn, elle s’est même étendue aux territoires relevant ou ayant relevé du Vicomte. Voici par exemple quelques lignes des Coutumes de Bagnères octroyées en 1171 par Centulle III comte de Bigorre, d’après le recueil d’Achille Luchaire (1881) :
Conogude cause sia à totz homes e femnes presentz e abieders, que nos Centod, per la gracie de Dieu comte de Begorre, sufertes mantes bergonhes e grans dampnages el comptat de Begorre per nostres frontaders Nauars, Teesiis, Bascos, Aragones, que aucunes begades entrauen el comptad de Begorre poderosementz, e arcebudz aucuns laugs fortz que fazen grans mals en la terre de Begorre; etc.
Mais au XVIe s., le centre du pouvoir s’est déplacé à Pau et la prononciation de ce a latin y est encore a : Arnaud de Salette écrit maynada, cabana etc.; et soucieux d’une bonne prononciation de ses Psaumes par des pasteurs venus de France, il veut leur indiquer la prononciation de ce a final non accentué; mais comme il n’a pas d’exemple français à leur donner, il a recours à l’espagnol señora. Du reste, telle est encore la prononciation de Nay et Pontacq, comme du Val d’Azun en Bigorre.
Ce déplacement du centre du pouvoir explique la généralisation de ces a dans les textes officiels du XVIe s. comme les Fors e costumas de Bearn d’Henri II d’Albret (1551). Mais cela n’ira pas plus loin, la vieille notation par e étant dominante dans tous les écrits postérieurs, comme le Catéchisme a l’usadge deu diocese d’Aulourou (1706).
C’est celle que consacreront Lespy dans son Dictionnaire béarnais ancien et moderne (1887) puis les normes orthographiques de l’Escole Gastoû Febus élaborées en 1900 par le professeur d’université Édouard Bourciez, romaniste de renommée mondiale.
C’est encore celle de l’irremplaçable Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes de Simin Palay édité par le C.N.R.S. – excusez du peu ! – et de l’ouvrage posthume de Pierre Rectoran édité en 1996 avec le concours du Département des Pyrénées Atlantiques, Le Gascon maritime de Bayonne et du Val d’Adour.
Tout aurait pu demeurer pour le mieux dans le meilleur des mondes si celui du Félibrige n’avait vu naitre sur la fin du XIXe s. une contestation languedocienne de l’hégémonie accordée par Frédéric Mistral à sa langue provençale.

L’initative vint cependant du Limousin où un prêtre félibre, l’abbé Joseph Roux, séduit par la mémoire des Troubadours dont beaucoup venaient du Limousin, imagina de revenir au système d’écriture des manuscrits de leurs œuvres, comme si la langue n’avait que peu changé en 700 ans. Deux instituteurs languedociens, Antonin Perbosc et Posper Estieu, trouvèrent l’idée à leur gout, comme un moyen de concurrencer l’action de Mistral.
Mais ils basèrent leur système sur la Grammaire de Raynouard (1816) pour laquelle la langue dite des Troubadours et son orthographe étaient unifiées, thèse déjà périmée à la fin du XIXe s. Tout aussi peu soucieux que l’abbé Roux de l’écart qu’ils créaient ainsi entre la langue écrite comme au Moyen Âge et celle parlée de leur temps, ils amorcèrent ainsi un mouvement qui deviendrait l’occitanisme quelque 40 ou 50 ans plus tard.
Mais le grand-prêtre du système orthographique occitan allait être le pharmacien audois Louis Alibert (1884-1959), d’une culture évidemment supérieure à celle de ces instituteurs qu’il méprisait. Pourtant, il avait publié en 1923 un opuscule sur l’orthographe du languedocien selon le système mistralien, où il faisait siennes les intentions de Perbosc lui-même dont il citait un passage de la préface à ses Contes populaires de la vallée du Lambon (1914, p. XIV) :
« Quant à la graphie employée, c’est la graphie traditionnelle de la langue d’oc, présentée ici sous la forme usuelle adoptée aujourd’hui par la plupart des félibres languedociens et gascons. Elle ne constitue qu’une demi-restauration, mais elle a l’avantage d’être facilement intelligible pour tous les lecteurs. »
Ce bon sens n’allait pas durer, et converti au système médiéval, Alibert allait écrire sa célèbre Gramatica occitana du languedocien (1935) dont la première partie traite de la graphie. Et la Société d’études occitanes fondée en 1930, puis l’ Institut d’études occitanes (I.E.O.) qui lui succéda en 1945 firent de cette Gramatica leur “évangile” linguistique. Et ce mot “évangile” n’est pas exagéré, comme on va le voir pour le « dogme » de M. Grosclaude.
Même le professeur d’université Pierre Bec, alors président de l’I.E.O., n’a pu se résoudre à le mettre en doute dans son très sérieux Manuel pratique de philologie romane (1970) : suivant sa méthode, il étudie les diverses langues romanes à partir de textes dont il commente certains mots ou expressions présentant un intérêt philologique; il en est ainsi du gascon, étudié comme langue distincte de l’occitan et du catalan, à partir de 81 vers de la Vème Églogue de Pèy de Garros (1567); or on y lit la conjonction ou au vers 40 et l’adverbe prou au vers 77, honnêtement transcrits, certes, mais sans la moindre remarque, alors que l’auteur note la prononciation en [u] (donc « ou » français) des mots pastó (v. 28), volés (v. 33) etc. Au vu de ces deux séries de mots notés différemment par un auteur réputé pour l’intelligence et le sérieux de sa graphie, P. Bec aurait dû laisser en [o] pastó et volés, et faire observer que ou et prou se prononçaient par [u]. Mais cela aurait sérieusement lézardé l’édifice de la graphie occitane… et le professeur s’est exposé à être pris en flagrant délit de mensonge par omission !
Malheureusement pour le gascon, quand vers 1960 des Béarnais cap et tout réunis autour du regretté Roger Lapassade, professeur à Orthez, ont voulu le faire profiter de la loi Deixonne de 1951 sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, l’ Escole Gastoû Febus était en déclin, surtout du fait du vieillissement de ses cadres. Lapassade et ses amis crurent alors trouver la voie dans les théories et outils pédagogiques de l’I.E.O. toulousain. Or le Lycée d’Orthez avait accueilli depuis peu un jeune professeur certifié de philosophie, muté de Touraine, Michel Grosclaude; fin 1969, il confiait à la revue Per noste qu’ignorant alors tout du béarnais, il avait découvert que le « patois » local « était la Langue d’oc » et que « le Latin jadis appris sur les bancs du Lycée chantait encore sur les lèvres des anciens des villages. » Il est vraisemblable que la graphie archaïque de l’I.E.O. le séduisit avec tous ses -a en finale féminine (au lieu de rose, rosa, comme en latin !); il est certain en tout cas qu’il prit en main l’introduction de cette graphie en Béarn, par le biais de l’enseignement, et en rupture avec une tradition dont il n’avait pas mesuré la qualité, la force et la continuité. Il écarta toute contestation, donc toute réflexion, et il imposa cette graphie avec une telle assurance qu’à son décès en 2002, une chronique allait noter que pour lui, « la graphie occitaniste était un dogme auquel il ne dérogea jamais. »
Le résultat, hélas, est une graphie archaïque et élitiste que sa complexité rend difficile à enseigner et inaccessible au commun des locuteurs. C’est ainsi que dans les deux dernières années de sa vie, Roger Lapassade travaillait avec Marilis Orionaa à traduire ses poèmes en français pour les rendre lisibles au plus grand nombre.
Tandis que c’est en graphie moderne de l’ Escole Gastoû Febus que sont écrits les chefs-d’œuvres des Félibres dont l’occitaniste Gilbert Narioo a expressément recommandé la lecture aux jeunes générations (País gascons n° 221, Avril 2004, p. 12).

Des noms authentiques de la langue romane des Pyrénées-Atlantiques

Jean Lafitte


Des noms authentiques de la langue romane des Pyrénées-Atlantiques


Historiquement, la première attestation connue du nom de gascon se trouve dans un acte en gascon dressé en 1313 par le notaire de Garris alors en royaume de Navarre; il concerne un moulin à bâtir et exploiter à La Bastide Clairence, sur une eau [= cours d’eau] « en gascon dite la Sotzcabe » (Archives de Navarre à Pampelune).

Au témoignage de Froissart, hôte de Gaston Fébus en 1388, celui-ci parlait gascon et nommait ainsi cette langue.

L’appellation de bearnes (béarnais) apparait le 1er mars 1533 quand l’évêque de Rodez, vassal du roi Henri II de Navarre, vient présider en son nom les États de Béarn avec des lettres patentes d’accréditation rédigées en français; les États protestent et prient l’évêque d’en autoriser la traduction en bearnes avant de les insérer dans les registres. L’expression en bearnes figure par trois fois dans la mention de cet enregistrement. Plus tard, ces États rappel­lent énergiquement au Roi et à la Reine de Navarre que l’us et coutume est de rédiger les privilèges et actes de justice « en lo lengadge bearnes » et les prient de maintenir obligatoire cet usage, ce que les souverains décident le 24 juillet 1556. Et le 22 mai 1562, dans une affaire de succession intéressant la Maison de Foix, c’est en français qu’un arrêt du Parlement de Paris mentionne des « pièces vieilles et antiennes estans en langaige byernois et gascon » qui ont été traduites en « langaige vulgaire françois ». Plus loin, les mêmes documents sont dits en « langaige gascon et byernois ». Bien entendu, lengadge en béarnais et langaige en français ont à l’époque le sens de « langue » actuel, tout comme l’anglais language.

En revanche, le mot « occitan » pour désigner le gascon ou le béarnais n’apparait qu’après 1968, chez des enseignants attachés à la lettre de la loi du « Deixonne » du 11 janvier 1951 relative à l’enseignement des langues et dialectes locaux, dont l’article 10 prévoit qu’elle s’appliquera à la rentrée suivante « dans les zones d’influence […] de la langue occitane ».

Cependant, dans un rapport linguistique présenté à l’Assemblée générale de l’Institut d’études occitanes (I.E.O.) de septembre 1972 et approuvé par elle, le Professeur d’université Pierre Bec, Président de cette association (privée), situe ainsi le gascon par rapport à aux autres langues d’oc qu’il réunit sous le nom d’« occitan » : « il s’agit là […] en fait d’une langue très proche, certes, mais spécifique (et ce dès les origines), au moins autant que le catalan. » C’est écrit en languedocien, mais l’auteur le réaffirme en français dans son Manuel pratique d’occitan moderne (1973) où est prise la citation qui précède.

Parallèlement, l’esprit de la loi Deixonne qui vise les langues efffectivement parlées au plan local amène l’Éducation nationale à considérer qu’il y a en réalité des langues d’oc (Circulaire Haby du 29 mars 1976); une organisation occitaniste attaque ce texte devant le Conseil d’État, qui confirme la légalité de l’interprétation ministérielle (arrêt Carbonne du 7 Octobre 1977); en effet, le Commis­saire du Gouvernement avait notamment fait valoir qu’« en mentionnant la langue occitane, le législateur ne […] semble pas avoir voulu affirmer une unité qui n’existe pas en fait ».

L’année suivante, l’occitaniste “historique” René Nelli (1906-1982), l’un des fondateurs de l’I.E.O. en 1945, allait courageusement approuver ce pluriel : « Personne n’écrit en occitan, mais en provençal, en languedocien, en gascon… Les circulaires ministérielles ont donc raison de parler de l’enseignement des “langues d’oc” et non pas de l’occitan. » (Mais enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, p. 31).

De fait, depuis plusieurs années, l’arrêté annuel désignant les académies où l’on pourra subir les épreuves des diverses langues dites « rares » cite distinctement l’auvergnat, le gascon, le limousin etc. Les mots « langue d’oc » ou « occitan-langue d’oc » qui préfixent ces noms propres de langues ne sont là apparemment que pour satisfaire les avis contradictoires au sein même du ministère; mais le regroupement linguistique qu’ils affichent n’est pas plus opérant que « germanique » dont on pourrait préfixer l’alsacien et le francique de Moselle : chacune des langues d’oc ainsi nommée est traitée comme langue distincte, sur le même plan que l’arabe littéral ou le chinois.

L’ordonnance n° 2000-549 du 15 juin 2000 instituant le Code de l’éducation a abrogé notamment la loi Deixonne de 1951, supprimant « la langue occitane » de l’appareil juridique français. M. Jack Lang était alors ministre de l’Éducation nationale.

Tout dernièrement, le 7 mai, dans sa déclaration faite au nom du Gouvernement devant l’Assemblée nationale, Mme Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, a repris par trois fois le pluriel de « langues d’oc », réservant le terme d’« occitan » à la langue d’oc de Toulouse, dite jusqu’ici « languedocien ». Dans un débat parallèle tenu au Sénat le 13 mai, c’est le Sénateur-maire de Béziers, M. Raymond Couderc, qui a usé de même du pluriel de « langues d’oc » et nommé « occitan » le languedocien de Béziers.

Quant à nos députés, M. Lassalle a nommé par deux fois « béarnais » sa langue maternelle lors du débat du 7 mai, et M. Bayrou une fois lors du débat du 22 sur les institutions, qui devait aboutir à la mention des langues régionales dans l’article 1er de la Constitution.


Ni l’histoire, ni la linguistique, ni le droit ne permettent donc de nommer « occitan » la langue romane autochtone parlée dans le département des Pénées-Atlantiques, et plus généralement dans le « triangle aquitain », sensiblement entre Garonne, Océan et Pyrénées. Seuls sont pertinents le nom de gascon pour la totalité, et celui de béarnais pour les parlers gascons de l’ancienne principauté de Béarn.

Au demeurant, ce sont les seuls qui correspondent au sens identitaire de la majorité de la population et qui peuvent motiver chez elle le désir de retrouver la langue. Alors que « occitan » suscite très généralement un sentiment de rejet, clairement décrit par Jordi Fernández-Cuadrench, premier directeur de l’Institut occitan de Pau lorsqu’il quitta ses fonctions (Sud-Ouest du 7 aout 2003). Sauf bien sûr dans les jeunes générations “matraquées” par l’occitanisme de certains ensei­gnants et animateurs culturels. Mais en prenant de l’âge et donc de l’expérience, ceux qui s’étaient laissés endoctriner et qui s’intéressent encore à la langue du pays s’aperçoivent souvent de leur erreur.

Jean Lafitte 23 juin 2008

Retouché le 23 mai 2009

Aller - anar -andar

Institut béarnais et gascon, 28 juillet 2008




Ces trois mots viennent tous de ‘ambulare’, qui signifie “se promener”, avec ce glissement de sens déjà rencontré : ‘loqui’ (parler) a été remplacé par les familiers ‘parabolare’ (raconter des paraboles, des histoires - cf. « Qu’est-ce que tu racontes ? » pour « Que dis-tu ? ») donc parler en français et parla en gascon, ou ‘fabulare’ (raconter des fables), donc hablar en espagnol.

Mais je reviens à ‘ambulare’. Selon le grand linguiste catalan Joan Coromines, la langue populaire aurait altéré ‘ambulare’ en ‘*amlare’ (l’astérisque indique que cette forme intermédiaire n’est pas attestée, mais supposée), d’où viendraient aller français, andar espagnol et andare italien. En revanche, contrairement à ce que je pensais, ana(r) gascon ne vient pas de andar espagnol, comme lane (lande) vient du latin ‘landa’, mais d’une autre altération de ‘ambulare’, ‘amnare’, attestée dans des inscriptions antiques ; de même pour le catalan anar.

Le Dic. historique de la langue française d’A. Rey ne contredit pas.

jeudi 7 août 2008

aller - anar - andar

Aixat moundë,

Mercredi soir 23, j’étais en « mission » de représentation de l’I.B.G. à un « diner-débat » organisé par le Conseil général pour essayer d’harmoniser les vues entre les occitanistes et le tenants du béarnais / gascon authentique et moderne, pour l’écriture des noms de communes sur les panneaux d’entrée et de sortie d’agglomération.
Sans surprise, on a pu constater que pour les occitanistes, il est exclu de transiger sur leur graphie occitane qui fera écrire Domin, Higuèra-Soja, Somolon, et autre joyeusetés, au lieu de Doumî, Higuère-Souye, Soumoulou, etc.

Je suis rentré sur Fontenay par un TGV partant de Pau à 11 h 43 (11,43, c’est la version en millimètre du calibre du Colt .45 que j’avais sur moi, en cas…). Or voilà qu’entre Angoulême et Tours « sans arrêt », le train stoppe en gare de Châtellerault : incendie le long des voies entre cette gare et Tours, d’où deux heures et demie d’attente sur le quai, car par sécurité le courant avait été coupé, et donc la climatisation. Comme le Ben Laden Team en gare du Creusot !

Et voilà que sur un banc à l’ombre, je fais la connaissance d’une Paloise, qui s’est avérée parente par alliance d’une cousine germaine de ma mère (ça remonte loin !). Et nous avons parlé du béarnais / gascon. Modeste, la dame m’a dit qu’elle était sur le point de le parler dans sa jeunesse quand son entrée au collège mit fin à ses progrès. Mais elle devait en savoir plus qu’elle ne le laissait entendre; nous avons par exemple cogité sur Anaram au patac, et comme je lui demandais ce qui manquait pour faire du bon gascon/béarnais, elle a aussitôt répondu « Qu(e) », Qu’anaram, ou mieux qu’aneram ou qu’aniram…
Voulant lui expliquer cette dernière forme en -i-, j’ai évoqué l’influence de i, du latin ‘ire’ aller, forme toujours vivante en Vallée d’Aspe (que souy ite ta Sarrance dira une Aspoise, au lieu de que souy anade…). Et de fil en aiguille comme vous l’imaginez, j’ai évoqué aller français, qui comme ana gascon emprunte aux verbes latins ‘vadere’ (je vais, que voy) et ‘ire’ (j’irai, qu’irèy). J’ai cru aussi pouvoir lui dire que ana de chez nous, comme andar espagnol, viendrait du latin ‘ambulare’; « à moins que ce soit aller français ? je ne me souviens plus bien. »
Mais comme vous me connaissez, aujourd’hui que j’ai quelques minutes pour me changer les idées d’autres travaux, j’ai ouvert mes dictionnaires.

La résulte, que l'avét hens la fique aci yunte.Atau que-n sabét autan coum you.

E ta ço dou viadyë, fîn finau, lou nostë TGV qu'éy arribat a Montparnasse a 20 ores 30, ço qui hé 8 o. 45 de viadyë, un die plêat coum cau !

Et darrère susprése, la daune que-m quitè sus ûn « Pourtat-ve plân » qui-n dits loung sus la soue « ignourance » pretenude de la loéngue parlade…

Bounes vacances e meshidat-ve toutûn : interrougacioûn escriute a la rentrade.

Plân couraumén

J.L.
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